Des mathématiciens, physiciens, philosophes, chercheurs en sciences cognitives, théologiens ou encore psychanalystes et poètes se réunissent pour discuter de l’unité de la connaissance… Une
candide bien plus curieuse que naïve a le privilège d’assister à ces échanges qu’un judicieux huis clos favorise.
Que ressort-il de la confrontation de brillants cerveaux en ébullition sur un sujet aussi rebattu qu’épineux ? Ce front commun de la pensée, qui unit les sciences « dures » et « douces » à des
disciplines plus inattendues, mène-t-il à la constatation que le monde peut-être connu dans son ensemble ? Achoppe-t-il au contraire sur le constat que le problème est insoluble, qu’il y aura
toujours des choses dont nous ne pourrons rien dire ? Notre jeune espionne, les écoutilles cérébrales grandes ouvertes, ne perd pas une miette des débats dont elle nous transcrit les enjeux, avec
pertinence et impertinence.
Attachez vos neurones !
C'est toujours avec plaisir qu'on lit la prose enlevée d'Elisa Brune. Passionnée par un congrès réunissant philosophes, physiciens, mathématiciens, psychanalystes... elle nous rapporte avec brio les débats qui s'y sont tenus. Un régal.
Ciel et Espace – Mai 2006
Sur un mode vivant, son « journal de bord » retranscrit les débats avec pertinence et impertinence. De quoi prendre un peu d'un salutaire recul sur ce que nous cherchons lorsque nous cherchons à savoir...
Arts et Métiers Magazine – Avril 2006
Elisa Brune démêle le fil de la pelote du savoir avec clarté, simplicité et humour. Des découvertes les plus étonnantes aux confrontations de domaines sans liens explicites, elle promène sa curiosité partout, dessine des parallèles troublants et ouvre des perspectives étonnantes à chacun dans sa branche. Ce savoir est un plaisir.
Olivier Stevens – La Libre match – 12/04/2006
Cette plongée dans l'univers de tous les possibles, de leurs implications inouïes et de leurs éventuelles convergences est tout simplement fascinante et confirme qu'en donner une idée au lecteur moyen est affaire trop délicate pour la confier à des savants.
Ghislain Cotton – Le Vif / L'Express
C'est d'autant plus excitant que les hypothèses avancées donnent le tournis, la science s'abîmant aujourd'hui dans la définition vertigineuse de sa propre précarité.
Alain Bertrand – La Voix du Luxembourg
Ce jour-là, je marchais dans la rue avec un ami, journaliste scientifique. Il s’appelle Alexandre et c’est un homme épatant. Au milieu d’une conversation animée, nous croisons quelqu’un qu’il connaît pour l’avoir interviewé récemment. Un scientifique, chercheur à l’université. Celui-ci lui rappelle qu’un certain colloque a lieu la semaine suivante et qu’il doit contacter telle personne s’il veut y assister. Malgré moi, je tends l’oreille. Je ne sais trop pourquoi, les colloques m’attirent. Le mot semble indiquer qu’il s’y trame des choses importantes et secrètes, des activités pour initiés. Après le départ du chercheur (ce mot en –eur évoque pour moi un métier aventureux, comme démineur, trappeur, boxeur…), je demande à Alexandre de quoi il s’agit.
- C’est un colloque sur l’unité de la connaissance. Ils ont invité des scientifiques de différentes disciplines.
- Qui ça, « ils » ?
- Je crois que c’est organisé par France Culture, avec l’Université Libre de Bruxelles. Attends, je dois avoir le programme quelque part.
Alexandre fouille dans la masse de papiers qui gonfle sa mallette. Je l’envie de graviter dans des sphères si hautes qu’il considère ce colloque comme une chose parmi d’autres. Il me tend enfin un document que je parcours avec avidité. On y lit par exemple : « Cosmologie et vide quantique », « Y a-t-il une unité de la conscience ? », « Les limites de la connaissance scientifique », « L’unité dans la construction du moi »,… Je reconnais plusieurs noms de scientifiques renommés, auteurs de nombreux livres.
- Waouw ! Et tu vas y aller ?
- Je ne sais pas encore. Je me tâte. Ça dure quatre jours et j’ai déjà des rendez-vous que je ne peux pas annuler. J’irai peut-être écouter une partie.
Je piaffais d’appétit.
- Alexandre, je me mêle peut-être de ce qui ne me regarde pas, mais… je suis libre la semaine prochaine. Tu n’as pas besoin d’une assistante ?
- Pourquoi, ça t’intéresse ?
- Vachement.
- Eh bien, on va arranger ça tout de suite !
Alexandre appelle illico la personne qui l’a invité au colloque. « J’aimerais assister… oui… oui… mais… emploi du temps chargé… mon assistante pourrait me relayer… ça ne pose pas de problème ? Parfait. Merci beaucoup. Alors à mardi. »
- Et voilà ma colombe. L’affaire est dans le sac !
Je lui ai sauté au cou (il fait partie des rares personnes qui me dépassent d’un bon quinze centimètres et à qui je peux réellement sauter au cou).
Le mardi matin, armée de mon plus beau bloc-notes et de mon look de journaliste-adjointe, je traverse le parc du domaine Solvay à La Hulpe en me disant que je trouverai bien l’endroit précis en suivant le flot des voitures. Mais de voitures point. Un écureuil et quelques joggeurs. Aucun fléchage non plus, parmi les allées qui sillonnent la verdure. Si c’est ainsi qu’ils espèrent rassembler leurs ouailles !
Je vois apparaître un château au loin. Ce doit être ce que je cherche. Devant le château, quatre voitures sont rangées. Quelques personnes prennent le frais sur le perron. Alors de deux choses l’une. Ou bien je me suis trompée (j’ai entendu château Solvay à La Hulpe alors qu’on m’avait dit Palais des Congrès à Bruxelles), ou bien ce colloque va être un flop parmi les plus retentissants de l’histoire des sciences. Je m’approche tout de même, en quête d’information, et je vois Alexandre surgir par la porte d’entrée. Nous sommes donc dans la deuxième hypothèse. Quelle surprise. La liste des orateurs était pourtant balèze.
Je demande à Alexandre en catimini :
- Dis-moi, est-ce que tu sais pourquoi il n’y a pas un chat ?
- Oui, c’est parce que les participants logent tous dans le même hôtel et vont arriver en minibus. On les attend.
- Les participants, d’accord, mais le public ?
- Il n’y a pas de public.
- Quoi ?
- Non, c’est extraordinaire. Je viens seulement de l’apprendre. Il s’agit d’un colloque à huis clos. Les organisateurs souhaitent qu’il y ait des discussions de travail entre les participants, et non que chacun fasse son petit numéro pour impressionner la galerie, tu comprends ?
- Tu veux dire qu’on va être les seuls spectateurs ?
- Apparemment. Ils n’ont invité que quelques journalistes, et je suis le seul à avoir répondu – avec toi je veux dire… Et cet après-midi, tu seras toute seule ma chérie !
Moi qui croyais m’asseoir à la dernière rangée et me faire oublier – c’est réussi !
Le minibus est arrivé. Les érudits se sont égaillés sur l’esplanade, admirant le parc. Ils nous ont salué comme si nous étions collègues. Alexandre, très à l’aise, faisait son journaliste chevronné – qu’il est d’ailleurs. Moi, intimidée, mais obligée de serrer les mains tendues (pas un seul arbre pour se cacher dans cette immense pelouse), j’essayais dans un murmure de me faire passer pour l’assistante chevronnée que je ne suis pas.
C’est peu dire que je me suis sentie saisie par l’émotion lorsque nous sommes tous entrés dans la grande salle du château. Elle contenait juste une table en U flanquée d’une vingtaine de chaises et, contre le mur, deux petits sièges pour Alexandre et moi. On s’est regardé ; on s’est avancé ; on s’est assis, émus comme des mariés à l’église.
- Alexandre, j’ai un bol fou de te connaître !
- Ne parle pas trop vite ! On ne va peut-être rien piger à ce qu’ils racontent.
- M’en fiche. C’est génial quand même.
Liste des participants
Dominique Lambert
Hervé Zwirn
Edgard Gunzig
Michel Cassé
Marc Lachièze-Rey
Jean-Pierre Luminet
Simon Diner
Jean-Michel Counet
Dominique Proust
Lambros Couloubaritsis
Michel Cazenave
Michel Bitbol
Axel Cleeremans
Isabelle Stengers
Michèle Porte
Thierry Melchior
Marie-Laure Colonna
Jacques Goldberg
Roland Goetschel
Patrick Menneteau